Projet Epsilon

<< avant, le train

Les Buggies des Raiders étaient loin d'être des merdes. OK, ils faisaient peut-être le bordel dans le Train et les soirées dans leur bar étaient secouées. Mais le reste du temps, ils entretenaient leurs véhicules, cherchant en permanence à les optimiser, et ils bichonnaient leur armement.

Les deux buggies fonçaient avec chacun un Raider sur une arme de bord, une monstrueuse mitrailleuse de 12.7mm, aussi antique que l'Apocalypse, mais toujours aussi efficace. 13.7g de métal... Ils avaient trafiqué les balles : elles tiraient moins loin, mais avaient un pouvoir de frappe redoutable, puisqu'elles s'ouvraient à l'impact déchirant tout sur leur passage.

Les deux motos étaient faites pour le tout-terrain et les Raiders dessus maîtrisaient leur affaire. Ils étaient souvent hors de vue, jalonnant les deux buggies en amont. En clair, ils roulaient jusqu'à devoir se déterminer sur la direction prise par les ravisseurs, et là, l'un des deux repartait tandis que l'autre attendait d'avoir visuel sur les véhicules arrivant. Alors il sautait sur sa moto et repartait rattraper son pote. Les buggies, eux, ne ralentissaient et ne s'arrêtaient jamais pour vérifier quoique ce soit.

Il était évident qu'ils allaient finir par les rattraper.

TEST:

Si on se posait la question, la réponse était simple. La présence de Samuel était inutile au milieu de ces experts armés. Sa formation militaire au sein des templiers étaient d'autant plus loin qu'il avait toujours rechigné à faire partie de l'ordre et s'était évertué envers et contre tout à en prendre le contre-pied. Pourtant, il n'avait pas hésité à les accompagner et était là, prêt à tout pour reprendre le Bossmann. Il y a des choses qui ne n'explique pas vraiment.

Le médikit avait fait son effet et avait endormi la douleur de l'égratignure, rendant toute sa mobilité et vigueur à l'ex barman. Il calculait qu'avec le bruit des machines, il lui serait difficile d'utilisé son don et qu'il ne lui restait plus que son
Samuel n'était tout de même pas idiot et le balai des motos et des buggies montraient une organisation sans faille. Il était confiant sur le fait qu'ils allaient rattraper les Hordiers et la puissance de feu des machines lui semblait de bon augure. Ce qu'il craignait sans le dire, c'était plutôt la réaction des boyzs en contrepartie. Il s'était donné pour mission celle de protéger le Bossmann et de le récupérer vivant. L'homme au bonnet semblait y tenir, et la poursuite même montrait son importance au sein du Train dont Sammy commençait à saisir le fonctionnement. Il brulait d'apercevoir le cul des véhicules de la Horde !

Spoiler:

Sam ne savait pas trop de quel côté cette course poursuite s'orientait. Par prudence, il est attentif cependant à ce qui se présente devant : après tout, il n'a que ça à faire. Le chef des Raiders est concentré sur le pilotage et observe plutôt la route. Le Gunner devrait observer le reste, mais le chemin est tellement mauvais qu'il passe tout son temps à ne pas être éjecté du Buggies qui fonce à toute allure.

La moto de jalonage repart vers la droite en essorant sa poignée, sur un chemin qui entre dans un large bosquet.

Sam fronce les yeux. Il croit avoir vu quelque chose alors que la moto disparaît derrière des arbres. Leur Buggies vire dans une glissade parfaitement contrôlée. Sam, lui, n'a pas quitté la zone qui l'intrigue du regard... Et cette fois, il est sûr : y'a un putain de petit homme vert sur une branche, juste au-dessus du chemin. Dans moins de dix secondes, ils passent dessous !

Samuel était à l'affut, il ne pouvait que faire confiance au pilote pour ne pas finir dans le décor et
Pourquoi s'inquiéter de quelque chose qu'il ne maitrisait pas quand il y en avait d'autres sur lesquelles il pouvait agir. Comme surveiller, et alerter ! Il perçut l'embuscade en tombant sur l'homme vert mal dissimulé par la quasi absence de feuille en ce printemps qui avait du mal à démarrer.

D'un sifflement, Sammy émit une trille d'alerte puissante (et juste) tout en levant son arme, un canon scié court, qu'il gardait caché sous la longue veste de cuir rougeâtre qu'il affectionnait. Il n'était pas bon tireur, n'aimant pas vraiment les armes à feu, et le fusil était souvent plus dissuasif que mortel. (sauf quand Jem La Vouivre décidait de faire sa tête de lard à une certaine époque où ils écumaient ensemble les routes) Le coup, trop court, se perdit dans les branches près de la tête verte. S'il ne toucha pas , il eut au moins le mérite d'alerter les buggy et de montrer la direction du danger. Samuel se tassa dans le buggy pour se protéger tant bien que mal.

Le Boyz couine quand cela siffle pas loin de ses oreilles, et surtout fulmine en voyant les Buggies se détourner. Il se jette sur une autre branche et tentant le tout pour le tout, balance ses deux grenades aussi loin qu'il peut vers les véhicules. C'est sûr : il aurait préféré se contenter de les lâcher dans les voitures sous lui, pour une efficacité maximum. La première explose plutôt loin du Buggy du chef des Raiders (et donc de Sam).

Mais l'autre grenade explose à proximité d'une roue du second buggy et Sam peut voir le véhicule décrire une acrobatie rare dans les airs avant d'enchainer plusieurs tonneaux, projetant le mitrailleur à plusieurs mètres (les 3 Raiders du véhicule : -5 PV, diminution de 1 pour le mitrailleur avec gilet de combat).

Sam est surpris quand le chef des Raiders, après avoir jeté un rapide coup d’œil, ne freine pas.

"Soit ils sont morts ; soit blessés. Dans le deuxième cas, ce sont des grands garçons : ils sauront se démerder et se sécuriser en attendant notre retour. On va pas permettre à ce putain de Boyz de réussir son effet qui était de nous ralentir.  Et pour le déposer, ils ont pris un peu de temps. On devrait donc rapidement les rattraper."

Et d'ailleurs, les faits lui donnent raison. Sitôt le bois passé, ils se retrouvent sur un versant de colline et peuvent voir dans la vallée à moins de 500m le véhicule des Hordiers. Déjà les deux motos l'ont pris en chasse.

Max, sans ralentir, a observé qu'il existe un chemin en ligne de crête, défoncé, mais qui pourrait lui permettre de leur retomber pile dessus un peu plus loin. Après un quart de tour en dérapage semi-contrôlé (ou réussi par hasard), il file sur le chemin. Le bruit et le chaos est tel, le buggy bringuebalant dans tous les sens que chacun peut juste essayer de ne pas en être éjecté.

Mais la pari était bon : il remonte et dépasse même le véhicule en contrebas. On peut entendre, à l'occasion, quelques courtes rafales de l'arme de bord, qui prend les motos pour cible, mais ces dernières sont agiles, zigzaguent. A tout le moins, elles ont toute l'attention des Boyz.

Max vire tout à coup à gauche alors qu'il n'y a pas de chemin et descend tout schuss la pente, évitant de justesse quelques rochers affleurant, ou même moins affleurant... Quand Max déboule à moins de 20m sur la droite du véhicule des Hordiers, il ordonne à son tireur de bord de viser le moteur.

Mais force est de constater que ce dernier n'a pas réussi à rester à son poste. Quant à savoir quand et où il avait été éjecté...

Max se retourne vers Sam :
"Il faut les arrêter, mais sans tirer dans l'habitacle : vise le moteur. Ton choix : l'arme de bord ou ta pétoire ?"

Il ne croyait pas  en Dieu mais il avait toujours eu une putain de bonne étoile qui se manifesta une nouvelle fois quand 1/ce fut l'autre buggy qui fut touché, et 2/ quand il resta accroché au véhicule malgré la poursuite infernale. Sam ne contesta pas le choix du pilote, récupérer le Bossman semblait primordial sinon ils n'auraient même pas lancé la poursuite. Il semblait que dans la vie certains hommes valaient plus que d'autres, que ce soit pas leurs compétences ou simplement l'attachement qu'on leur portait.

Il se glissa tant bien que mal, avec une prudence toute racconnienne, derrière la mitraillette. Son canon scié avait une porté bien trop courte. Mais Sammy avait sa petite idée. Il haussa la voix sans effort pour se faire entendre. "Approche toi le plus possible et bouche toi les oreilles."  Vingt mètres... Vingt mètres ça passait. S'il arrivait à paralyser le conducteur, ce serait pas pire que de foutre en l'air le moteur. Dans tous les cas, il espérait que le Bossman soit solide ! Il réalisa que peut-être, l'important c'était de le récupérer qu'il soit vivant ou qu'il en meure. En un flash désagréable, il pensa aux méthodes d'interrogatoires de l'inquisition. Et il poussa un cri presque inaudible, le projetant de toute ses forces vers l'avant, pour les ondes n'agressent pas son pilote, mais seulement l'habitacle de la voiture adverse. Dans le même temps, il tira.

HRP:

Le conducteur couina. Et oui, ça couine un Boyz...

Mais le tireur, lui, entendit les détonations et d'un coup d’œil, comprit qu'ils venaient d'être surpris.

Délaissant les motos, il fit un quart de tour avec son arme de bord et ne chercha même pas à viser. A cette distance, il était sûr qu'une poignée rentrerait bien dans quelque chose.

Il poussa un cri de guerre, sortant la langue de façon démesurée et écarquillant les yeux. Une vieille technique censée faire peur à ses ennemis. Puis il pressa la détente.

Son tir était fichant, et une balle perfora le moteur, avant que, sous les impacts de départ, l'arme décrive un léger arc de cercle. Deux autres balles percutèrent le métal du Buggie, générant pour la première un éclat métallique qui avait de quoi décapiter un individu, et écrasant la seconde, la transformant en simple "boulet". L'éclat comme le boulet finirent dans le gilet de Max, non sans le plaquer dans le siège.

Aussitôt, de la fumée noire s'échappa du moteur et il ne fallait pas être mécanicien pour comprendre que le buggy était foutu.

Tandis que les Boyz continuaient à toute allure, leur mitrailleur levant ses deux majeurs vers le ciel et les injuriant, Max bondit du véhicule tandis qu'arrivaient et freinaient les deux motos. Même si rien n'avait percé, il se tenait un peu les côtes : il avait quand même encaissé la force de l'impact, même si, heureusement, l'énergie cinétique s'était en partie dissipée en touchant le métal d'abord.

"J'espère que tu sais tenir sur une moto. Les bâtards ! Ils nous ont flingué 2 Buggies. Hors de question de les laisser se barrer ! Sam, ou tu restes là et t'attends notre retour ou tu te démerdes si tu veux pas attendre ;  ou tu sais monter sur une moto et tirer en même temps !",

Sans attendre de réponse, Max saute en passager de la première, et sort un flingue au canon long comme un avant bras, à moins que ce ne soit un bon canon scié, et déjà il file à la poursuite des Boyz.

Sam comprend que l'idée, c'est que ces cons vont quand même aller se mesurer à une mitrailleuse de bord, parce qu'il faudra bien la passer pour réussir à tirer avec leurs armes à courte portée...

Le deuxième motard fait un signe impatient vers lui.

Mais où était donc Samuel Black ? Le vrai Samuel Black, prudent, mesuré, certains auraient même dit couards ! Il était sans doute resté dans un fameux bar de Seattle quand celui-ci brulait de la vengeance de Miss Glaçon, quelle ironie. C'est ainsi que Sammy - couvert de poussière et bien heureux d'être sauf jusqu'à présent - se retrouva à sauter à l'arrière d'une moto. Il tirait vraiment pas bien, mais il avait un atout naturel qu'il pensait non négligeable. Et il ne l'avouerait jamais, mais l'adrénaline le saturait tellement qu'il s'amusait comme un fou.

Le canon scié d'une main, de l'autre il s'accrocha à son conducteur pour de nouveau approcher et pouvoir crier et tirer.
La balle siffla au dessus de la voiture et Samuel grogna en jurant un sale blasphème à faire se retourner un inquisiteur dans sa tour.

Spoiler:

Le Boyz mitrailleur, en poussant des cris inhumains et en faisant des mimiques à glacer le sang (pas par peur, juste en imaginant le niveau d'intelligence derrière...), arrose tout ce qu'il peut. Après s'être fait un véhicule, il escomptait sûrement massacrer les deux motos en une seule fois.

Mais à force d'arroser, c'est comme pisser debout sans relever la lunette dans un chiotte de nanti : pas très efficace.

Une balle frôle le premier motard, non sans arracher un petit bout de chair (-1 PV) le forçant à faire un bond qui finalement nuit à la précision de Sam. Mais les deux restent sur la machine, et c'est déjà ça.

De l'autre côté, une balle heurte en partie le gilet de combat du chef des Raiders, lui faisant faire un truc bizarre où son torse décrit un arc de cercle quand jamais ses jambes ne cessent d'enserrer la moto. Il tente de tirer un coup fatal sur le mitrailleur, mais sans succès.

Il lève une main et fait un signe rageur vers l'autre moto, qui laisse à comprendre que lui s'occupe du mitrailleur, tandis qu'il ordonne à l'autre équipage de remonter le long du véhicule, sans doute pour se farcir le conducteur ou le moteur.

Mais en même temps, sans buggy pour récupérer le Bossman, est-ce raisonnable de flinguer le moteur et finalement de détruire un véhicule qui pourrait bien leur être utile. Tandis que le motard essore sa poignée au maximum pour déborder le véhicule, c'est à Sam finalement que le choix revient.

Le mitrailleur, lui, tourne son attention vers celui qui vient de faire siffler du métal à ses oreilles. Il n'a pas aimé ça, le Boyz. Ca lui rappelle Seattle, où il avait failli rester. Une histoire avec un 4x4 et une course poursuite sur des toits. Il ne savait plus trop. On l'avait récupéré, agonisant, après qu'une décharge l'ait fait basculer du toit où il tentait d'arrêter un mec... Enfin, bref, il était hors de question qu'il se prenne une nouvelle décharge. Avec des ricanements hallucinés, il tourne la lourde mitrailleuse vers la moto du chef Raider...

Quelle merde ! Ils allaient finir par se faire trouer comme une grosse passoire ! Ou au mieux éjecter et se briser les os au sol, se dit Sammy en s'accrochant in extremis. Pas facile de tirer et de rester bien assis ! Bon sang, qu'il détestait ce genre de conduite !!! Heureusement qu'il avait toujours eu l'estomac bien accroché. Samuel pesta et délaissa son canon scié pour préférer l'attaque sonique qui pouvait englober plus de personnes et qu'il maitrisait mieux que les armes à feu.

Au moment où la moto débordait le buggy, jusque à l'instant où ils devenaient vulnérables mais où ils étaient au plus près; bien agrippé, Samuel lâcha son meilleur cri

Spoiler:

L'effet fut instantané. Le mitrailleur, tout à sa concentration pour dessouder la moto à sa gauche (encore que... La gauche, c'est là où le pouce est à droite, ou à gauche ? Ou c'est...). Bon, le Boyz, il laissa tomber et il se décida à dessouder donc la moto du chef des Raiders.

Le conducteur ricanait comme un dingue, tandis que le véhicule sautait sur la moindre bosse qu'il ne cherchait même pas à éviter.

D'évidence, soit les deux étaient complétement dingues, soit complétement schootés à un truc qui, même après l'apocalypse, devrait être totalement interdit. Ou alors, les deux. Car ce qui les faisait tourner devait être aussi rude pour le cerveau que de l'antigel pour l'estomac et le foie...

Les deux Boyz se figèrent. Le Buggy, que plus personne ne contrôlait, se prit un caillou et exécuta une magnifique série de tonneaux. A un moment donné, Sam aurait juré voir la moitié du corps du mitrailleur être éjecté dans une direction, sans pour autant perdre son rictus de débile.

Finalement, les lois de la physique rétablirent un peu d'ordre.

Le Buggy s'immobilisa, par chance, sur ses quatre roues, mais dans un nuage de poussière.

Du conducteur, il ne restait rien et il fallut revenir en arrière pour voir qu'il avait été éjecté, mais sans doute vers l'avant, et qu'ensuite le buggy lui était passé dessus, le transformant en une bouille à deux brase et deux jambes, dont le sang et les sucs étaient bus avidement par le sable. Le mitrailleur, lui, avait été coupé net en deux par le tourelleau. Ses jambes avaient eu l'idée de rester dans le véhicule. Quand au reste, personne n'eut envie d'aller vérifier la qualité de la découpe des chairs.

Malheureusement, dans l'accident, le Bossman, déjà sérieusement blessé, y était resté. Oh, il était sanglé dans son siège. Mais quelque chose avait "cassé" en lui. Il était raide cané.

Max soupira.

"Putain, tout ça pour ça... Deux buggies, et peut-être un ou deux gars, plus le Bossman. La poursuite la plus inutile de toute l'histoire des Raiders ! Quel connard ce conducteur ! Il l'a pas vue cette putain de pierre ?"

De rage, il donne un coup de pied dans la tôle. Puis il se reprend. Il donne une poignée d'ordre, vérifie le buggy et s'aperçoit que le moteur accepte de repartir.

"Et bin, tout n'aura pas merdé... Sam ! Viens à la mitrailleuse. Groucho et Bob, vous repartez vers le premier Buggy pour leur filer un coup de main. On vous rejoint. On va accrocher le second buggy pour ne pas avoir tout perdu."

Sam était en train de se dire que Personne ne semble s'être rendu compte qu'il était l'auteur de la catastrophe finale...

Il regarde alors son nouveau poste. En fait, il regarde surtout les deux jambes et le bide découpé au niveau des hanches avec des bouts de tripaille.

Sam secoua la tête devant la perte de l'homme qu'ils avaient tenté de sauver. Il était triste mais ne se sentait pas coupable. Un cri ou une balle dans le moteur, sur que le résultat était le même. En sautant dans le buggy, quand il avait compris qu'il fallait arrêter le véhicule de la horde à tout prix, Samuel savait déjà qu'il y avait très peu de chance de récupérer le Bossman vivant. Celui-ci était déjà fort blessé lors de son kidnapping et on ne pouvait pas arrêter un véhicule qui ne voulait pas l'être d'une manière douce. Mais il connaissait la Horde, et il valait sans doute mieux finir ainsi pour le mécano qu'entre les griffes de tarés voulant lui extirper des informations. La Horde avait traumatisée à elle seule toute la population de Seattle par sa brutalité, sa folie et le chaos destructeur qu'elle semait sur son passage. Et il en avait encore une fois la preuve sous les yeux. "Pauvre  gars.."

Après un soupir, il s'approcha de ladite mitrailleuse. Voilà qui était peu ragoutant et l'odeur le fit grimacer. Il tenta de s'imaginer que c'était juste un animal mort à dépecer mais sans trop de succès, en même temps, il n'avait jamais vraiment été adepte de la chasse. Ce genre de boulot, normalement, c'était Jem ou Savarin qui le faisait. Savarin...Samuel ressentit le même pincement au cœur qu'à chaque fois qu'il pensait par inadvertance à son ami abandonné aux mains de cette salope d'Audrey.  Sans un mot Samuel s'attela à la sale besogne. "l'avantage d'avoir des fringues rouges" grommela-t-il en émettant un grognement de dégout quand un bout d'intestin lui tomba sur la botte.

Le retour fut triste. Rien ne vint égayer leur trajet et tous pensaient sans doute à ce que cette poursuite leur avait coûté.

Arrivés au buggy au moteur touché, Sam aida à l'accrocher derrière le buggy de la Horde. ce qu'il n'avait pas imaginé, c'est que Max lui demande de prendre le volant. C'est sûr qu'une corde... ben... ça demandait de sacrés réflexes pour ne pas emboutir le "tracteur" devant.

Arrivés au second, ils ne purent que constater que le décès d'un des raiders. Les autres avaient pris, mais ils encaissaient. Malheureusement, le véhicule, lui, était défoncé. Ils prirent une bonne demi-heure pour désosser ce qui leur paraissait important : amortisseur, culasse, pistons, mais durent abandonner ce qui était trop lourd. Arbre à came, moteur,... Ils prirent cependant le temps de placer une charge pour s'assurer que la Horde ne profiterait pas de cette aubaine.

Accompagnés des deux motos, ils prirent le chemin inverse, pour finir par suivre la voie ferrée. Entièrement concentré, Sam ne fit pas attention au départ, avant de constater qu'ils avaient dépassé leur dernière halte et poursuivaient... vers l'ouest ! Absolument pas la direction habituelle du train !

Mais il était seul dans un buggy, en remorque par Max, et il avait déjà fort à faire à essayer de survivre !

Finalement ils rattrapèrent le train et le convoi s'arrêta.

Sam descendit et rejoignit Max.

"Fais chier... Le Conducteur a décidé qu'il ne s'arrêterait pas pour nous... Regarde : la porte du wagon pour les véhicules reste baissée en partie. Il nous attend, mais il veut que nous montions en mouvement. On va devoir abandonner le second buggy. Ou alors tu te sens d'essayer de me suivre à l'intérieur par traction ?"

Max lui sourit. Pour un peu on dirait que l'idée l'amuse.

A un moment, Sammy croit bon de préciser. "Heu j't'ai dit que je savais pas conduire ?" Enfin depuis Seattle, il a tenu deux ou trois fois un volant. Deux ou trois fois de trop selon les personnes qui l'accompagnaient à ce moment là. Tracté par le buggy, ça gère encore. Un coup de volant à droite, un coup de volant à gauche, histoire de rester dans l'axe. Il n'a pas à gérer les pédales et le manche, enfin le truc là, boite de vitesses...

"Qu'est-ce que tu entends par monter par traction ?" Et Sam hausse les épaules. "Oh et puis vas-y, on verra bien !" Sa bonne étoile brillera bien une fois de plus, non ?

Max sourit et bondit vers son buggy. Il fait un signe vers les deux motos en pointant la porte et les deux motos se lancèrent en avant.

Max se dresse alors pour se tourner vers Sam qui vient de retourner vers son buggy.

"C'est simple. On les laisse monter, et après on compte jusqu'à dix, le temps qu'ils dégagent les motos. Je vais devoir aller me plaquer vers le fond pour te donner l'élan. Ton truc va être de savoir à la fois monter sur la rampe et piler avant de m'emboutir le cul. Si tu rates, soit tu t'écrases sur moi, soit tu n'es pas vraiment monté et tu redescends. La corde va se tendre, t'as une chance que le train te roule dessus, parce que tu seras ramené contre lui, et moi, ben... Je devrais couper la corde à la hache, parce que sinon j'y passe aussi et ce buggy avec. Simple non ?"

Sam écarquille les yeux, puis porte son attention vers les motos. La première rentre sans difficulté, mais la seconde... Personne ne saura jamais. Une erreur du pilote, le pas de chance du fait de glisser sur une partie métallique du métal ? La moto dérape, tape le longeron de la porte et bascule de l'autre côté pour s'encastrer sous la voiture. Sam a l'impression que toute la partie des roues du train qui passent ensuite tressautent à chaque fois, mais il sait dans le fond qu'il n'en est rien. Qu'est un corps humain quand des tonnes lui roulent dessus ? Il retourne son regard vers Max. Ce dernier baisse la tête et soupire.

Puis il regarde Sam.
"Prêt ?"

Samuel écoute les explications, pas convaincu du tout par la manœuvre. "Comment j'fais pour monter sur la rampe ?" Max lui explique la manœuvre. Ah ouai... lui qui pensait que Max ferait quasiment tout. Là c'est le quasiment qui pêche... aheum. Sam s'étire les doigts pris dans les mitaines rouges. Une deux, une deux "Ouai, ben fout bien ton engin au fond parce que je vais t'en donner moi de l'élan pour monter cette foutue rampe, alors si tu veux pas te faire défoncer le cul par un blanc bec de Seattle huhu, gare toi !"


Dans un mélange de fatalisme et d'éternel optimiste mais aussi d'excitation du gars gavé d'adrénaline, il donne le go malgré le corps ratatiné du conducteur de la seconde moto qui lui donne un aperçu des risques. Boooon, faut juste pas y penser hein... Objectif rentrer dans le train. Focus, concentration. "est-on jamais prêt pour ce genre de chose ? Vas-y ma poule, roule !"

Au fur et à mesure que les deux véhicule s'approchent du train, Sam est bien conscient du poids de ce dernier. Les tonnes de métal s'appuient avec force sur les rails et il peut sentir les vibrations jusqu'au volant qu'il tente de garder dans l'axe pour ne pas perdre de vitesse.

Max est vraiment bon : il s'approche en tangentant l'axe du train, attend de dépasser un peu la porte - juste ce qu'il faut - puis donne un énorme coup de volant à droite. Le buggy dérape mais finit par suivre la direction imposée. Il s'engage droit au milieu de la rampe pour finir happé dans le wagon.

La corde se tend et Sam sent la traction qui va l'attirer le long du train et sans doute sous les boggies.

C'est maintenant que tout se joue.

(Conduite - MeV - difficile).

Monter sur la rampe marmonne Sam accroché à son volant tandis que les engins s'élancent. Oh il n'a presque rien à faire. Juste tenir le volant dans l'axe et se laisser envoler ... "ne faites pas de boogie woogie avant vos prières du soir...putain La vouivre promis après ça j'apprends à conduire." Il chantonne n'importe quoi, marmonne durant ces quelques secondes infinies alors que la sueur colle le tissu et le cuir à sa peau. Le regard vert chargé d'adrénaline et de peur, de détermination aussi, c'est dans ces moments là qu'il regrette de ne plus croire en un Dieu quelconque. En la chance peut-être ? "allez ma belle ça passe."

Oui ça passe, c'est pas le problème. Le problème c'est comme pour la came, c'est pas la montée, c'est la redescente.

Timing.

Sam freine brutalement, se tient au volant et ferme les yeux. Autant ne pas voir le wagon le ratatiner si le pire se produit. Franchement, y a eu assez de morts pour la journée et il est trop beau gosse pour finir comme ça !

****

(point de chance pour réussir parce que c'est une grosse tanche au volant mais qu'il a le cul bordé de nouilles !)