Projet Epsilon

Avant

J'étais habillée désormais et heureuse propriétaire d'une tente.

Sitôt rentrée de mes "courses", je décidais dans un premier temps de mettre cela à hauteur de mes critères d'esthétisme.

Ce qui revint à tout prendre et à tout mettre dehors. Il ne fallut pas longtemps avant que des gens comprennent et viennent se servir. Il y en eut trois pour s'embrouiller sur le canapé, mais aux bruits de poings, et surtout à leur fin, je sus que le conflit était réglé.

Voilà. C'était comme je voulais.

Vide, à part la boîte.

<< avant

Après ma discussion de la veille, j'avais décidé de rendre une petite visite à miss Satisfaction. Je me rendis donc à sa tente, l'appelant par son nom, ce qui me fit paraître un peu... ridicule.

- SATIiisfaction?? ......Satisfaction?

Bon ok, on allait arrêter là pour le nom, déjà les nomades qui passaient par là, me regardaient comme si j'avais grillé un plomb

- vous êtes là? je voulais vous parler de notre conversation d'hier.

Mouais, j'allais lui dire qu'il y avait eu un léger malentendu et.... lui poser quelques questions.

Cela fait peut-être trois heures que je suis là, debout dans la tente vide, en train de réfléchir.

Il me faut un peu de temps pour réagir à l'appel de... mon ? nom.

Je connecte quelques neurones divagants, puis je remets le timbre de la voix.

Tout me retournant pour faire face à l'entrée : - « Je suis là. Vous pouvez entrer Mattie ».

J'entrais donc, découvrant une tente complètement vide, excepté ....la boîte de Satisfaction. Je restai un instant surprise, avant de tourner la tête vers la miss. Elle avait dormi où cette nuit ? Dans cette boîte ?

- bonjour ! bien dormi ? Je voulais juste ....m'expliquer pour hier,  je crois qu'il y a eu une petite incompréhension de ma part sur un détail. Pour les expéditions. Les Archéologues en organisent dans les environs, mais pour Sf, personne jusqu'à présent n'a réussi à y pénétrer.

Pour ce que j'en savais en tout cas. Mais il fallait qu'elle sache que si elle comptait organiser une expédition sur SF, elle allait sans doute avoir des réactions négatives, voir moqueuses et c'était de ma faute. Sauf si....

- les accès à la ville ont été bouclé depuis longtemps. Quoiqu'on parle ici des principaux accès. Personne jusqu'à vous, n'avait évoqué l'existence d'une entrée dérobée. Est-ce qu'on parle bien d'une entrée qui permettrait d'éviter les portes principales de la ville ?

Je lui souris. C'est mon amie, donc il est important de lui faire percevoir.

- « C’est une entrée que ma mère m'avait réservée. Je pense que même ceux pour qui elle travaillait ne la connaissent pas. C'était notre secret, et je sais qu'elle l'avait prévue pour lorsque je me retrouverais sans plus aucune idée sur quoi faire. Ce qui est le cas aujourd'hui. Je partage ce secret avec vous, parce que vous êtes mon amie.».

Je reste pensive quelques instants.

- « Seulement, j'ai la mémoire défaillante et je ne suis plus très sûre de l'endroit exact où elle se trouve. J'ai quelques repères en tête, qui commencent après le grand pont rouge, un peu au sud, dans SF. Un nom prédestiné. Un endroit avec des arbres, qui aurait un lien avec des capacités de précognition.».

A sa tête, je me sens obligée de rajouter.
- « Je sais, c'est vague. Mais je dois tenter, vous comprenez ? J'ai donc besoin de personnes pour m'accompagner et prendre en compte tous les dangers pendant que je cherche. ».

Je m'approche alors et lui prends la main.
- « Puisque nous sommes amies, vous pourriez sans doute m'aider à en trouver ? De vraies têtes brûlées, parce que SF, c'est pas fait pour les Nus.».

Mouais mouais, un secret, son amie, j’avais pigé le message. Et les vrais amis ne trahissaient pas les secrets. Euh, est-ce que Judéo ça comptait ? Mais j’écartai cette réflexion pour me concentrer sur l’instant présent.

Elle parlait donc bien d’une entrée qui lui était réservée d’après elle. Qui était-elle pour avoir une entrée réservée dans SF ? Les rouages de mon esprit fonctionnèrent à vive allure avant de bloquer. Sa mère devait être une haut-placée, pour avoir ce genre d’accès et les donner à sa fille. Une fille qui dormait dans une boîte de sardine. Nom d’une belette !! Ca sentait vraiment le bizarre cette histoire.

J’enregistrai la description des lieux qu’elle m’en fit. Mais je n’avais encore jamais approché les enceintes de la ville, malgré mon installation dans ce camp. Moi je me contentai de vivoter de ce que les nomades me rapportaient.
Par contre, à sa question, je soupirai. Je n’avais rien à gagner à lui mentir à elle, je sais pas, mon petit doigt qui me le soufflait ou peut-être que je me plantais mais, j’optais pour la franchise.

- Non SF n’est pas fait pour les Nuls en effets…. Ah non pardon pour les nus…..

Quoi ? les nus ?? J’avais peut-être déjà entendu parler de ça, mais où …. Un club d’échangistes des Aeternams peut-être ? En tout cas, ça ne venait pas du coin. [échec rumeur]

- Heureusement que vous vous êtes rhabillée, haha !

Blague à la con, mais c’était pour mieux déguiser mon flou intersidéral, ou plutôt intercérébral. Bref je manquai la coche et ça m’ennuyait. J’en revins à sa requête.

- Enfin pour vous dire franchement, des explorateurs, des têtes brûlées, ça n’en manque pas, je pense….. le truc, c’est qu’ils ne s’aventureront pas devant les entrées principales, il y a plein de drônes et de robots gardiens qui les gardent. En revanche si vous leur parlez de votre porte secrète…..vous allez beaucoup plus les intéresser mais là, ça ne sera plus du tout un secret.

Donc si elle voulait du monde, soit elle balançait son secret, soit elle n’allait devoir compter que sur elle-même. Et en plus les secrets ici, ils ne faisaient jamais long feu.

Je fronce les sourcils.

- « Non. Ce secret ne doit pas être connu. C'est important. C'est une faille pour SF. Une backdoor qui ne peut être connue ou partagée. Et c'est quelque chose que j'ai moi-même en horreur, pour ne pas dire plus. Il ne faut jamais en parler. Je ne sais pas... On ne peut pas leur dire quelque chose d'autre ? Quelque chose qui les tenterait ? Ils ne me suivraient pas parce que tu leur demanderais ?».

C'est alors que je me rends compte que j'avais saisi son bras et que je le serrais sans doute un peu trop fort. J'enlève ma main.

- « Oh, pardon Mattie. C'est juste que... J'ai partagé ce secret avec toi, mais c'est vraiment un secret. Ca me stresse beaucoup d'imaginer qu'il puisse être répété. Parce que ma mère m'a dit : personne ne doit jamais savoir. Je crois qu'elle a ajouté quelque chose, mais avec ma mémoire défaillante, je ne me souviens plus trop. Mais c'était important ».

Je lui époussète le bras là où mes doigts ont laissé des marques rouges sur sa peau.

- « Ça va partir, n'est-ce pas ? ».

Mouais, son secret, j’ignore pourquoi j’étais apparemment la seule à qui elle avait bien voulu le confier, mais si c’était ensuite pour me serrer le bras façon pince de crabe, merci elle aurait pu se le garder son secret ! Ce n’était pas de ma faute si j’étais au courant désormais et à vrai dire je compris que j’étais dans une sale position, et pas seulement parce qu’elle serrait mon bras encore plus fort, transformant mon sourire déjà crispé en grimace.

- Ok ok ok, personne ne saura, promis craché !

Et elle me lâcha enfin, permettant à la circulation de remonter jusqu’à mon cerveau. Non mais ho ! Je frottai mon bras de mon autre main, lui lançant un regard méfiant. A vrai dire j’aurai dû plus me méfier et depuis le départ. Cette femme n’était pas comme les autres, non, certainement pas, et en plus elle avait des accès VIP à SF. La petite lumière rouge s’alluma encore plus vivement dans ma tête.

- Je ne sais pas, va peut-être falloir opérer pour rebrancher quelques circuits, répondis-je à sa question d’un air toujours crispé.

Puis comme j’avais déjà pu constater qu’elle était complètement imperméable à l’humour, je conclus dans un soupir.

- Je m’en remettrai. Et pour vos archéologues, je crois que la seule façon de les convaincre de vous suivre, ou plutôt de vous guider…. C’est de leur promettre un super bonus à l’arrivée mais…en principe, ils aiment bien connaître leur objectif, si vous devez préparer une expédition. Ce dont on ne peut les blâmer hein…..je veux dire, vous ne pouvez pas les emmener jusqu’aux enceintes, et ensuite leur dire : en fait c’est pas par là que je veux passer mais ailleurs. Ils voudront en savoir plus, vous comprenez ?

- « Pour les réparations du bras, il vous faudrait un laboratoire type E4, normes P5 s'il y a suspicion de composés à haute dangerosité. Et puis au moins 1 ensemble informatique à 7 Téras de capacités mémoire pour les enregistrements. Euh, pourquoi je dis cela moi ?».

Je secoue la tête, et je finis par aller m'asseoir sur ma boîte.

- « Bon, il va nous falloir un plan...».

Je réfléchis et puis soudainement, une idée fait jour dans ma tête.

- « Et si on les paie, ils accepteraient sans savoir ce qu'ils ont à faire ? 50 kg de platine haute conductivité, cela leur irait ? On pourrait en recruter combien avec ça ?».

J'aime bien ce "on". Je me sens moins seule.

ici dans le camp, c'était désormais une toute autre organisation pour moi, de nouvelles façons de vivre, de nouvelles règles, une autre manière de se nourrir, une autre manière de survivre, de fait je confondais régulièrement les termes, les noms. Bref, je venais de réaliser que j'avais encore une fois mélangé mes pinceaux. Décidément je ferai mieux de rester derrière mon comptoir.

Et le temps de recaler tout ça, entre humour et soupir, miss Satisfaction me fit une nouvelle sortie digne d'une réplique de film à la SF, non pas San Francisco, mais Science Fiction. Quoique l'un n'était pas loin de l'autre. Et si la seconde partie de sa phrase trouva un écho en moi, la première ne fit que me mettre un peu plus la puce à l'oreille. L'expression donc, je vous rassure, je n'avais aucune puce électronique implantée dans l'oreille. Je songeai alors que j'allais devoir faire gaffe à ce que je lui disais à cette évadée des laboratoires qui ne semblait toutefois plus s'en souvenir.

J'affichai un sourire étincelant, mais complètement forcé.

- okay !! j'étudierai la question plus tard !

ça pour l'étudier, je serai bien obligée d'en parler avec quelqu'un pouvant m'apporter des réponses.
Mais trêve de réflexion, le "il va NOus falloir un plan", lui valut aussitôt une expression ennuyée.  Comment ça "Nous" ?

Il me fallut départager une réponse polie de mes inquiétudes pour lui répondre.

- euh oui, je suppose que ça devrait suffire à éviter trop de question.

J'observai sa boîte à sardine, est-ce que c'était du platine ?

- et vous pensez le trouver où ?

- « Voilà pourquoi nous sommes amies. Vous comprenez sans que j'ai besoin de vous le dire. Mais j'avoue qu'il y a un bémol dans notre plan : il va falloir ouvrir ce truc. Et me demandez pas pourquoi je le sais, mais sans cette clé   (elle brandit une sorte de petit parallélépipède noir avec une lame de connexion à une extrémité), les trois autres abrutis n'auraient pas réussi à l'ouvrir sans y laisser leur vie, et sans doute la mienne. Et même sans son couvercle, il reste actif, croyez-moi. Je crois qu'il va falloir un sacré expert parce que c'est bourré d'auto-protections. ». Je souris, malicieusement. « ou une sacrée experte... Une McGyver par exemple...».

Je me pince les lèvres. J'hésite. Je n'ai pas l'habitude.
- « Puisqu'on est amies, on ne devrait pas se tutoyer ? ».

Le sens le rouge me monter aux joues juste après cette question.

Ah ça non, elle n’avait rien eu besoin de dire, les marques que sa main avaient laissées sur mon poignet avaient suffi à faire passer le message.

Bon on allait oublier ce détail pour le moment, et essayer d’enregistrer tout ce qu’elle me raconta sur la boîte et cette sorte de clef qu’elle me montra. Je plissai les yeux pour observer cette dernière, puis regardai du côté de la boîte.
Et ce qu’elle ajouta, me fit m’écarter pour la dévisager l’air perplexe.

- Actif ? Actif pour quoi ? Quelle est sa fonction ?

Mouais, même si elle me caressait dans le sens du poil, je n’allais pas fourrer mes pattes sur un truc qui risquait de me sauter à la figure. Je soupirai, nouveau sourire un peu tendu :

- Oui bien sûr. Mais je crois qu’il va falloir que tu m’en dises plus sur cette boîte.

Et surtout pourquoi elle, on l’y avait mise dedans. Il fallait que je recompose le puzzle. Quant à mon expertise, je n’avais jamais vu d’objet du genre de cette boîte. Peut-être était-ce une sorte de boîte réfrigérante ? Ca ne justifiait pas les hautes protections qu’on y avait placée. Comme si c'était un coffre fort.... et c'était cette fille qui se trouvait dedans. NOM de ZEUS j'étais devant un sacré dilemme !!! étudier cette boîte, continuer de jouer les amies gentilles jolies pour tenter d'en savoir plus, ou m'enfuir à toutes jambes. Sauf que mon techno truck était à deux pas d'ici, elle aurait vite fait de me retrouver !

Elle ne m'a pas répondu. Du coup, je ne sais pas si je dois la tutoyer ou pas.

Cela m'agace.

J'opte donc pour une réponse biaisée.

- « C’est une boîte et j'étais dedans. Maintenant, c'est une petite merveille d'électronique, bourrée de circuits, de mémoire et de sécurité. Et sans doute plein d'autres choses encore, puisque je suis en vie. Maintenant, si la question est de savoir combien de temps j'ai passé là-dedans, je n'en sais rien».

Et je crois les bras sur la poitrine, boudeuse.

De cette boîte, je n’en voyais que l’extérieur, et je l’avais entendue aussi, la veille. Bien que j’ignorai alors qu’elle était responsable de tout ce ramdam ! Et à présent, Satisfaction me faisait miroiter ses possibilités. Au-delà de la platine, un métal conducteur déjà intéressant en soit, elle me disait à présent que l’intérieur de cette boîte était composé de systèmes électroniques. Et ce n’était plus les systèmes de sécurité qui la protégeaient que j’entendais désormais, mais la carte mémoire qu’elle pouvait contenir ou tout autre puce qui aurait pu me fournir des renseignements des plus intéressants.

Le problème, c’est que je n’avais pas les moyens, voilà ! Je n’étais pas une déjoueuse moi, parfois archéologue, mais j'avais pas les épaules des déjoueurs qui eux savaient tenir et utiliser une arme.  Par contre, j’avais des amis, des relations aurais-je pu dire que je pouvais faire jouer.

- Bon… je ne te garantis rien, mais je peux en parler à des amis. Peut-être qu’ils accepteront de t'accompagner sans trop poser de question. Si tu me laisses un peu de temps, je vais essayer de les convaincre de t’aider, si ça te convient ? Et en échange, tu pourras leur proposer cette boîte à s…à haute sécurité ?

Je la regarde longuement, puis je regarde la boîte.

Il y avait quelque chose dans ce qu'elle a dit, mais je ne mets pas le doigt dessus.

En tout cas, voilà qui me donne matière à réfléchir.

Comme elle me tutoie, je retrouve le sourire.

- « Faisons comme cela mon amie. Je vais rester t'attendre ici. Je ne me sens pas à l'aise dehors.».

Son amie, hem ! Bon ben j’allais faire au mieux avec le peu que j’avais. Et c’est tout naturellement que je pensais d’abord à Cole, il faisait partie d’un groupe de déjoueurs menés par son frangin, un type au passé trouble de militaire à qui personne n’osait créer de problème, un peu comme Jud mais sans sa stature. Même si Cliff était…..bien foutu…. Quand même. Ouais il m’intimidait drôlement ce type.

Beaucoup plus que Cole qui, s’il avait aussi de très bons états de service, avait très vite sympathisé avec moi, grâce à quelques réparations effectuées sur sa moto. En plus je savais qu’ils avaient une sacrée bonne réputation dans le camp. Ils n’avaient peur de rien et ils étaient bien équipés.

Peut-être que j’visai trop haut, peut-être que Satisfaction aurait pu se satisfaire de Wayne, mais j’avais le sentiment que si elle voulait vraiment pouvoir mener à bien son expédition, il lui faudrait du plus solide que ce gars. Et puis Cole m’avait à la bonne alors, j’allais jouer sur ça.

Et si je gagnais Cole à ma cause, je pourrai peut-être convaincre Cliff. Je me présentai donc devant leur tente, en les saluant joyeusement, et avisant Cliff qui se tenait sur une veille chaise de camping, perché sur le toit d’une vieille caravane récupérée comme mon truck. Ils s’y étaient installés quasiment en même temps que moi et Jud. Cole lui était occupé à essayer de déchiffrer une carte avec un autre de leurs potes.

- Salut Cole ! Je lui souris et il laissa aussitôt tomber ses occupations.
- Hey regardez-moi qui voilà, Mcgyver ! Alors ça roule ? Tu es venue récupérer tes outils ?
- Oh ça euh non ça peut attendre. En fait….j’aurai une affaire à vous proposer à toi, et à ton frère.

Je regardai en direction de ce dernier mais Cliff surveillait l’horizon avec une paire de jumelle. Et en quelques mots j’exposai mon histoire. La fille qui s’était faite remarquée l’autre jour, elle voulait aller à SF.

- Par quelle entrée ?
- J’en sais rien, elle a peut-être une autre idée en tête, mais il faudrait qu’elle vous en parle elle-même. Elle veut entrer dans la ville.
- Ouais, tout le monde veut entrer là-dedans, répondit Cole moqueur.
- Je sais….mais elle je pense qu’elle pourrait vraiment nous donner un truc intéressant en échange.

Je lui parlai de la boîte et il me regarda avec un manque d’intérêt évident.

- Une boite ?

Alors je lui expliquai ce que je savais de la fille, qu’elle venait de cette boîte etc etc…..vous noterez en revanche que je ne glissai pas un mot sur cette entrée secrète dont elle m’avait parlée. Cole secoua la tête.

- Non, non laisse-tomber, ça, ça serait bon pour toi, mais ça ne nous intéresse pas. Et ta nana, ça pue le Cyborg à plein nez. Sérieux tu devrais te tenir à l’écart d’elle.
- Mais justement…. Si elle en fait partie, si c’en est une, y’a peut-être des trucs intéressant à récupérer, des infos, elle dit qu’elle ne se souvient plus de rien mais peut-être que si j’bidouille les cartes mémoires stockées dans sa boîte, je pourrai trouver quelque chose ?

Cole secoua la tête. [échec] Je me tournai alors vers Cliff, prête à tenter le coup avec lui. Juste au moment où il se tourna vers moi.

- Salut Mattie, me dit-il avec son sourire à faire fondre un iceberg.
Et sans attendre il entra sous sa tente.
- Cliff ? Est-ce que vous auriez une minute ? lançais-je, mais je n’eus que le silence en guise de réponse. L’instant d’après, Cliff ressortait, ses lunettes de soleil fumées sur le nez, une clope au bec et son fusil en main. Il s’adressa à Cole.
- On bouge les gars !
Et avant que j’aie pu ouvrir la bouche, il me regarda.
- Plus tard, me dit-il avec ce même sourire....et ils s’éloignèrent vers leurs véhicules.

Spoiler:

dix minutes plus tard, j'étais revenue dans la tente de ma très chère nouvelle amie. Et mon visage affichait déjà l'échec de ma mission:

- désolée, j'ai fait choux blanc. Mais j'ai comme l'impression que ce n'était pas le bon moment. Y'a pas mal de nomades qui sont partis avec leurs véhicules...... je sais pas, il se passe peut-être quelque chose.

Quelque chose dont le moment nous ignorerions tout, jusqu'à ce qu'un d'eux revienne de cette mystérieuse expédition, celle qui avait poussé Cliff et son frangin à grimper direct en voiture. Mais ils n'étaient pas les seuls..... d'autres avaient suivi dans une soudaine ruée vers l'or.

Quand elle était revenue, je n'avais pas bougé d'un iota. A sa remarque, j'eus comme un trait d'humour. Il se passe toujours quelque chose à SF...

Je soupire néanmoins à son annonce.

Mais au moins tu as essayé. Bon, je crois que je vais y aller seule. On verra. Je vais devoir m'équiper. En première approche, une corde, une trousse à petits outils et du matos pour faire des tests électroniques mais aussi de la soudure rapide. Sans doute quelques composantes : résistances variables, condensateurs, diodes, points de diodes, potentiomètres, une dizaine de circuits intégrés, des micro-contrôleurs, des mémoires passives et actives, des relais, des quartz, des régulateurs, des selfs et inductances, des thyristors et triacs, à défaut des transistors, des varistances. Hum.. Je me tâte, mais je crois finalement que des buzzers, ce n'est pas nécessaire. Ah oui, j'oubliais, le plus important : une paire de lunettes IR/IL focus 220. Tu saurais où on pourrait me donner ou prêter tout ça ?

Devant la tête qu'elle faisait à cet instant précis, je comprends qu'elle est vraiment déçue à l'idée que je n'insiste pas. Alors je lui fais un grand sourire chaleureux.

T'es sûre que tu ne veux vraiment pas venir ?

Moui j’avais essayé. C’est là qu’elle me dit qu’elle tenterait le coup toute seule. J’haussai un sourcil.

- Sans arme ?

Et elle me fit la liste plutôt …trèèès détaillée de tout le matos dont elle aurait besoin. Nouveau haussement de sourcil. Pour une qui ne se souvenait de rien, elle avait l’air de savoir quoi faire de tout ça. Moi, ça ne pouvait que m’interpeller.

- Mais tu vais faire quoi de tout ça ?

Je secouai la tête.

- J’ai une bonne partie de ce que tu as dit dans mon technotruck, mais pas les lunettes.

Quant à aller avec elle ?? J’écarquillai les yeux.

- J’ai déjà fait des expéditions, mais j’étais accompagnée de gars qui savent se servir d’une arme. Moi j’ai appris, Jp a essayé en tout cas, mais…..il parait qu’il y a des drônes là-bas, des robots. Sans escorte armée, sans guide ? C’est du suicide.

Je secouai de nouveau la tête.

Je lève mon index.

- « Au contraire. Rien n'est plus commun que l'itération logicielle des Cyborgs. Tant que tu procèdes selon des actions qui leur permettent d'appliquer leur programmation, ils seront toujours meilleurs que toi. Mais si tu fais des choses tellement irrationnelles qu'elles n'ont pas été incorporées par les programmeurs, alors il n'a aucune solution. Au mieux, il génère une boucle infinie dont il ne sortira jamais. Au pire, il t'ignore - mais alors, il faut éviter de rentrer de nouveau dans ses logarithmes décisionnels ».

Je prends un moue dédaigneuse.

- « Les Cyborgs ont été programmés pour se défendre contre des humains aux réactions tellement prévisibles... Mais cela reste des machines ».

Puis je souris de nouveau.

- « Évidemment que je sais quoi faire de tout ce que je te demande. Cela me permettra d'implémenter des prothèses logicielles qui, précisément, devraient répéter des lignes de code entrainant des boucles infinies."

Je hausse les épaules.
- « Enfin, je l'espère. Sinon, et bien... Je connaitrais le sort des Nus je suppose ? Quant aux lunettes, c'est parce que les batteries SF Li123-45 et, pire, les batteries japonaises, émettent des empreintes de chaleur conséquentes. Même en attente d'une interaction d'activation, les Cyborgs sont donc détectables. A la limite, indique moi juste quelqu'un qui en aurait. J'irais les lui demander." [/i]

Je la dévisageai, les yeux écarquillés. Mais qui donc était-elle ??? Elle en connaissait en tout cas un putain d’rayon sur les cyborgs ! Donc en était-elle un pour autant ? Je n’savais plus, je doutais de tout finalement, même de mes propres capacités. Excepté une chose.

- Hmm prévisibles c’est toi qui l’dis !

Oui parce que personnellement,  je n’étais pas toujours dans le rationnel. Mais de là à aller faire le singe devant un cyborg juste pour vérifier si elle disait vrai, c’était quand même un peu trop me demander. Pourtant j’eus tout à coup une idée. Mais avant je l’interrogeai encore.

- Tu veux implanter une prothèse ? Mais pour ça, il va falloir que tu en chopes un pour… pour trafiquer ses circuits ou alors…. J’ouvris de grands yeux, que tu accèdes à leur unité centrale.

C’était donc ça son plan ? Elle connaissait une porte dérobée et … elle en savait un sacré rayon sur la cybernétique. Elle connaissait peut-être aussi leur base qui envoyait toutes les données vers les robots gardiens. Et si on contrôlait ça……on contrôlait la ville !! *rire diabolique*.

Bon peut-être que je m’emballais un peu.

- Ok, allons donc à mon truck, je vais voir pour te fournir tout ton matos. Est-ce que ça veut dire qu’en échange, tu me laisses bidouiller ta boîte ? Mon regard se fit intéressé. Ah au fait, je pense que je vais t’accompagner, mais il nous faudrait au moins un véhicule pour y aller.

Moi je n’savais pas trop conduire, comme les armes à feu en fait, par contre Judéo il savait lui.
Et je précisai :

- On va t’accompagner jusqu’à ta porte, mais ensuite, ça sera sans moi. Les autres auraient accepté de venir, ça aurait pu se faire, mais je crois que je risque plus de te mettre des bâtons dans les roues qu’autre chose.

Et voilà, des solutions apparaissaient. Cela me plaisait.

- « Deal mon amie. La boîte est à toi ! Mais méf quand même. C'est bourré de protections ce truc. Je n'arrive toujours pas à savoir si c'était pour empêcher des gens de m'en extraire, ou si c'était pour m'empêcher d'en sortir... Mais qui pourrait sortir d'une boîte hermétique dans laquelle elle n'a aucune conscience ?».

Et sur ce, je saisis la boîte à deux mains et la soulève.

- « On y va ? ».

La suite