Projet Epsilon

"Coni, bouges-toi le cul ! Faut qu'on regarde ce qu'on peut trouver".

Je regarde le Boss Mécano. Il a fumé ? 'Tain, il sait bien qu'il ne reste plus rien. Depuis combien de temps on écume ces gares ? Ogden - Winnemucca. Aller et retour, depuis sept mois.

Je hausse les épaules. De toute façon, après la galère qu'a été le passage du "high point", ce putain d'embranchement à 6075 pieds, et vu qu'on a bien failli repartir en arrière direct, je me dis qu'un peu de marche me fera du bien.

Je chope ma doudoune, mets mon vieux bonnets et plonge mes pognes dans les larges poches élimées. C'est que ce mois de juin est loin d'être ce qu'il devrait. Ceux qui connaissent me parlent d'un printemps radieux et agréable, avec 16, peut-être 20 degrés dans ce bled. Mais pour l'instant, c'est 6° et je me les pèle.

Je suis donc le boss sur les voies, remontant le Zephyr, notre train. Ma famille.

Il est là, ses voitures argentées qui brillent. Déjà les 30's s'affairent pour aller chercher de l'eau en ville. "Il" voudra qu'on le lave, qu'il soit beau et brillante malgré son trajet. "Il", le Machiniste pour nous, le Conducteur pour les autres. Machiniste, cela le rend plus proche de nous, les Mekz. Mais bon, quel que soit le nom, celui que personne n'a jamais vu, le père de notre famille.

Spoiler:

Tandis que je lorgne vers de vieilles ES 44, alignées par dizaines, mais aux capots éventrées et presque au moindre boulon récupéré, je ne peux m'empêcher de repenser au changement radical de vie quand ma route croisa celle du Zéphyr, à moins que ce ne fut l'inverse.
J'étais un nomade, sur les routes, remontant du lointain sud où un méchant virus transformait les gens en saloperies que nous appelions tous "zombie" à l'époque tant ils en étaient proches. Avides de viande humaine, en pleine dégénérescence cellulaire, et l'esprit rendu fou par leurs souffrances... Mais surtout, hautement contaminants. Ma propre bande avait été plus que décimée. Nous n'étions qu'une dizaine, braves, mais affamés. J'ai croisé le Zéphyr à West Wendover. Depuis...

Je soupire parce que si cette rencontre changea ma vie, ce ne fut pas sans...
Le boss interprète ce soupir et il me coupe dans mon souvenir douloureux.
"Tu fais chier Coni ! Je sais qu'on a peu de chance, mais on a un problème sur le boogie de la 13. Faut qu'on regarde... Pis, il faut qu'on répare le GE 22. C'est lui qu'a lâché dans la montée : n'était le SEC 2, on repartait vraiment en arrière !"

Vache. Deux motrices couplées de 660 chevaux chacune, et on a failli repartir en arrière sur le groupe d'un seul train moteur sur les quatre ? En même temps, la montée qui commençait après SLK devenait tout simplement démente peu avant Elko. 6000 pieds à rattraper en quelques miles ; une pente de folie. Pourquoi aussi le Conducteur s'entêtait sur ce tronçon exigeant, avec, on le savait, nous les Mekz, trop de voitures et surtout le wagon avec les véhicules des Raiders pour ce que les deux motrices à l'agonie avaient dans le ventre.

Bon, je soupirais pas pour ça, mais là, je soupire de nouveau. Pour ça.
-"C'est la crapaudine boss... Si c'est pas 5 fois, c'est 50 fois que je l'ai inspecté ce boogie. On ne peut rien faire sans pouvoir soulever la voiture. Vous le savez bien ! le GE, c't'autre chose. On pourrait trouver, mais on cherche quoi ? "

Il me regarde. "Tout ce qu'on trouve. Au pire, on stockera dans la Quarantaine si la 0 est trop pleine. Mais bon, tu l'sais : on a hélas de la place dans la 0...".

Tu m'étonnes : ce n'est pas de la place qu'on a. C'est toute la voiture ! On a plus rien.

Le Boss se retourne et continue vers les motrices abandonnées. Il ne lâche rien. Depuis 7 mois, ce Zéphyr, c'est lui qui le tient à bout de bras, du moins sur le plan de la mécanique. Après, y'a bien d'autres acteurs dans la famille, importants. Mais tout s'arrêtera, même pour eux, si le train ne peut plus rouler. Et là, pour peu que la crapaudine continue de prendre du jeu...

Mon esprit s'égare de nouveau sept mois plus tôt. Au prix de sacrifices que je ne me pardonne pas, mais que je ne renie pas, je suis monté sur le Zéphyr, et je suis devenu Coni 33-56. Trente-troisième voiture, 56ème couchette. Dernier arrivé, j'aurais dû avoir la 64, mais les 57 à 64 étaient vides, donc... Mais depuis, j'ai progressé. J'suis désormais dans la voiture 12, couchette 4. Pas loin du boss. La 11, c'est notre cantina et notre lieu de réunion avec ceux des First, les voitures à un seul numéro : les scientos, les ingénieurs, les diplos. Le haut du panier pour faire fonctionner les autres services du Zéphyr. Après nous, on trouve les Twenties, trois voitures en comptant leur voiture bar, pour les Raiders, ceux qui traquent d'autres ressources que des pièces de train. C'est là qu'y a ce putain wagon chargé de buggies, d'un mini-camion et de quatre motos. Après eux, ce sont les Thirties, la voiture alimentaire et deux autres bondées que de couchettes, pour ceux qui doivent encore faire leurs preuves et montrer au train qu'ils ont compris que la famille méritait tous les sacrifices. Les Sclavos, parce qu'il faut qu'ils bossent dur. Je le sais, c'est là que j'ai commencé. Enfin, tout à la fin, une voiture. La Quarantaine. Là, c'était l'ultime attente avant l'Ejection. La dernière chance de se rattraper, la misère, tout en sachant qu'en cas de difficulté de traction, c'est la première voiture qui sera décrochée et abandonnée à son sort.

Je secoue la tête, réprime un frisson car une bise glacée vient de me frôler la nuque. Saloperie de temps.

Malgré moi et ma certitude qu'il n'y avait plus rien pour nous ici, je me mets quand même à fouiner, ignorant les machines que le Boss visite. Qui sait ? On a pu vraiment oublier un truc utile les 39 fois précédentes où on est venu ici.

Comment Diable t'es-tu retrouvé embarqué là-dedans ?
Malgré son peu de mot, son aspect simple, cette phrase est intéressante à disséquer.
Cela commence par comment ?
Ne le sais-tu vraiment pas ? Allons Samsam... Un corps de velours, des objectifs communs et te voilà pris dans de vieux filets dont tu n'as jamais vraiment su t'extraire. Le Diable t'a toujours tourné autour depuis ta naissance, hum ? C'est un fait. Tu en es même issu, géniteur de souffre qui t'a lâché dans cet Enfer perpétuel. Remarquez que l'enfer a ses bons côtés quand comme toi, on n'est pas porté sur la vertu. Ne nie pas ou je te rappelle les nombreux petits bâtards que tu sèmes sur ta route. Autant que faire se peut dans ce monde d'incompatibilités.  Et il y a eu l'opportunité. Celle de monter dans le Zéphir. L'embarquement est donc aussi littéral qu'imagé. A choisir c'est quand mieux que de se bouffer la route en voiture, tu as bien raison. Au moins es-tu moins malade qu'avec la Vouivre au volant. Et comme tu ne sais pas conduire. Faudrait que tu apprennes un jour tu sais ? Ah et puis, il faut dire que les soirées à bords sont quand même plus sympa
Bien sur, il avait fallu payer pour être admis chez les diplo. Bah ! La brune avait les moyens, et le lot de nourriture et de ressources amenées avec toi avait suffit à payer ton billet.
En route pour la côte californienne !

La locomotive s'est arrêtée et Sammy - un reste de gueule de bois accrochée aux cheveux - penche sa tête par la fenêtre qu'il a baissée. L'air froid le frappe et lui tire un gémissement entre contentement et déplaisir, ça réveille. La soirée au bar des Raiders (avec qui il avait tout de suite sympathisé) s'était éternisée et Sammy s'était couché tard. D'un ton aimable, avec cette note d'indéfectible entrain qui à la longue pouvait s'avérer pénible - Racoon interpelle l'homme au bonnet qui passe non loin "hey ! t'sais si on reste longtemps ici ? On peut sortir s'dégourdir les pattes ou bien on est confiné dans c'truc ?"  A dire vrai, et par souci d'honnêteté, il est bon de préciser qu'il n'en peut plus de supporter la conversation de salon entre deux autres Diplos qui n'ont aucune pitié pour son mal de cheveux. Il aspire à sortir de leur zone de blablabla, aussi son regard reflète-t-il cet espoir insensé.

#samuel #coni

Merde, un First. Je sais que les Thirties les surnomment les Fist. Juste une lettre en moins, comme ils disent, mais prêt à vous démettre la rondelle pour ça.

Moi, je n'ai pas d'avis. Quelque part, il faut bien que chacun trouve une place. J'espère que c'est par le mérite, à hauteur de ce que chacun rend à la famille. J'ai commencé dans les Thirties, les Sclavos. Je me suis élevé, je pense au plus haut de ce que je peux donner, alors je n'ai pas de rancœur, ni envers là d'où je viens, ni avec les First.

Je hausse les épaules.

"J'sais pas. Si j'ai bien compris, on a claqué un des groupes qui alimente un boggie en montant. Il faut qu'on répare, sinon... On pourra redescendre, mais plus jamais remonter. On est au Hight Point, alors, quoiqu'il arrive, on descendra... Seul le Conducteur sait. P'têt vous, non ? Après tout, vous êtes mieux placé que moi. Mais bon, pour répondre quand même à vot'question, tant que le chef Meks et moi on n'est pas à bord, vous pouvez vous descendre vous détendre les guiboles."

Le surnom aurait bien fait rire Sammy s'il en avait eu connaissance. Mais il n'était pas ici depuis assez longtemps pour être à ce point intégré même si sa bonne humeur lui avait déjà permis des instants de camaraderies avec les raiders. Samuel étant très sociable de nature, ce n'était pas difficile. "Ah non, j'suis pas ici depuis assez longtemps j'imagine, j'ai jamais vu le conducteur. Il doit être occupé, normal avec un engin pareil.... hu hu... Un quoi ? Boggie ? qu'est-ce c'est ?"

Un sourire lumineux éclaira son regard vert voilé de gueule de bois et il fit un geste j'arrive avant de refermer la fenêtre. Il était tant, la vieille rombière de diplo qui lui faisait penser à la mère de Violet allait râler. Il lui adressa son sourire -clou-le-bec entre celui du gendre idéal et de la tête-à-claques, et s'esquiva avant le débat des récriminations, tout en choppant sa veste au passage. Quand il sortit, il inspira l'air froid et mit son manteau et ses mitaines. Il rejoignit l'homme au bonnet et reposa sa question "un boggie ?"

Bon sang, il caillait et surtout Sammy trouvait que ça manquait d'air dans le coin. Ses oreilles bourdonnaient depuis qu'ils avaient débuté l'ascension. Un coup elles étaient bouchées et puis un plop douloureux les débouchaient. Il fit quelques mouvements de mâchoires.

Le Conducteur ? Nous on l'appelait le Machiniste, mais c'était le secret des Mekz. Quelque part, cela en faisait un des notres. Mais quel que soit le nom, personne ne l'avait jamais vu.
Le First a l'air de vouloir venir, alors j'attends un brin, regardant le Boss un peu plus loin. Moins pour le surveiller que pour savoir ce qu'il avait déjà scruté afin de ne pas perdre de temps.

Quand le gars me rejoint, je lui tends la main, qu'il sert. Une bonne poignée de mains. C'est un bon point.

"Le Conducteur, vous savez, personne l'a jamais vu. Je crois qu'il vit dans la motrice. Je suppose que les First de la 10 lui parlent, eux." En parlant, je me suis avancé vers la voiture d'où il est descendu et je donne quelques coups de pieds sur le balancier de suspension. "Le boggie, vous avez dormi juste au-dessus, du moins si cette fenêtre correspond à votre alcôve" Oui, parce que les first, ils ne sont pas en couchettes comme nous, mais en voitures-lits. Mais à sa tête, je ne suis pas sûr qu'il s'en rende compte. En fait, on est une famille, mais lui, je ne le connais pas trop. "Vous voulez que je vous le décrive : vous verrez, c'est plein de poésie un boggie. Là le balancier de suspension, ici les ressorts à boudin - et je ne parle pas d'une fille hein - ici le ressort à pincette, et cette pièce qui part de l'autre côté, c'est la traverse danseuse... C'est sur elle qu'est montée la crapaudine, comme un téton de sein qui pointe. C'est ce qui permet d'emboîter une voiture dessus. Celle de la 16 nous emmerde et il faudrait la remplacer. Mais bon, sans pouvoir soulever la voiture, impossible ! " Je m'arrête et souris "Ouais, c'est chiant, hein ?".

Puis je lui fait un signe de tête. "Si vous voulez vous dégourdir les guiboles, il faut moi que j'aille voir dans tous ces restes (signe du pouce vers les motrices abandonnées) si on peut encore trouver quelque chose d'utile pour l'entretien du Zéphyr et la réparation la plus urgence à faire : un groupe qui entraine un des axes roulant de la motrice. Il a lâché à la montée et on est pas prêt de remonter sans lui. Vous pouvez m'accompagner.".

Comme il semble hésiter, et que cela me titille depuis tout à l'heure, j'en profite pour placer la question qui me brûles les lèvres : " Mais au fait, ce train, c'est une famille. J'ai pas trop souvenir de vous. Vous êtes monté quand ?"

pour t'aider à répondre:

"Surement... j'sais pas. Tant qu'il nous mène à bon port, c'pas grave s'il est timide." Le mec n'avait surement pas envie de se coltiner toute les récriminations des gens. Sam comprenait. Il filtrait !

Il acquiesça "ouai ouai c'est la mienne, j'pionce là" et  essaya de suivre sans succès les explications. "non c'est pas chiant, mais on dirait que tu m'décris un truc érotique. Les danseuses aux courbes aimables et aux tétons affriolants. Un vrai film !"

"On peut dire que j'ai pris le train en marche. A Salt Lake... Piuf, drôle de ville, hein ?" C'était bourré de Mormons de  l'Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours, courant religieux avec lequel les Théocrates avaient des liens compliqués. Les Saints Derniers Jours... eux ils étaient persuadés qu'on n'était pas encore au bout du chemin, pas encore au Purgatoire, pas encore en Enfers. Courant hérétique pour les uns, voie salutaire pour d'autres. Enfin pour ceux qui croyaient. Pas comme Sam qui en avait trop vu pour y croire encore.

Samuel accompagna naturellement le Meks. Quitte à se dégourdir les pattes, autant le faire plaisamment. "On r'part par où après la pause ? Savez ou pas ? C'est que j'essaye de me rapprocher de West-E et j'ai un doute là." Tara Malone lui avait dit montez dans ce train Monsieur Black et ne revenez que quand vous m'aurez trouver les clefs de cryptage. Rien que ça. Après le Sud...c'était toujours mieux que de se peler le cul à Nouvelle Quebec. "Y a un train comme ça, qui va de Vancouver à Nouvelle Quebec...Il est moins classe quand même..." Sammy eut une pensée émut pour sa sœur, morte le jour de l'inauguration, va en enfer sale garce.

Quand à savoir ce qui pour un train était utile, Sam n'en avait foutrement aucune idée. Des boulons peut-être ? Il essaya de se souvenir du bordel que Mathilda et Jean-Pax accumulaient au Black Raccoon

"Un train comme le notre ? Merde, moi qui croyais qu'on était les premiers... Ce serait intéressant de savoir comment ils s'en sortent. Parce que nous, pour tout dire, j'suis pas sûr qu'on roule encore longtemps. On a plus de pièces pour l'entretenir et tout est vieux dans le Train."

Instinctivement, en prononçant son nom, je regarde par-dessus mon épaule, vers lui. Brillant d'argent dans le matin froid.

-"Hum... Prenez votre temps pour vos guiboles. La pause va être longue. Les Sclavos sont en train de ramasser le linge. Ca veut dire qu'ils vont lancer une séance de lavage et de séchage. Ils ne le feraient pas si le Conducteur n'avait pas décidé de rester ici au moins 2-3 jours."

Je m'interromps, le temps de monter sur une motrice que le Bossman n'a pas visitée. Elle n'a plus de plaques moteurs, et pas beaucoup plus de pièces : les Nomades sont déjà passés par là. Oh, bien sûr, il reste le moteur lui-même, mais ils ont pris tout ce qui était utile autour, jusqu'au moindre câble, la moindre durite, et même des vis et écrous. Je saute au sol. Je vois l'air ennuyé du gars.

"C'est l'idée d'attendre qui vous déplaît ? Vous savez, c'est ça la vie du train : de temps en temps la voie ferrée. Le plus souvent l'attente et la recherche de pièces et de ressources. Là, vu qu'on reste longtemps, on devrait pas tarder à voir des Nomades. On a chargé de la bouffe en boîte à Salt Lake City - ouais, drôle de ville, z'avez raison. Et ça, ils aiment bien les boîtes. Je serais même pas surpris qu'ils nous refilent en échange des pièces qu'ils ont déjà piqué sur ces motrices, juste parce qu'ils savent que c'est une bonne monnaie pour nous."

Je vois qu'il grimace.

"Je comprends pas. Vous êtes membre ou passager ?"

Deux à trois jours, il avait plus que le temps de se dégourdir les guiboles et de pisser dans les bois (façon de parler, y avait pas de bois dans la zone proche) C'est sur qu'une lessive ferait pas de tort, hier soir, les Raiders sentaient le fennec, fallait l'admettre. "non, non j'suis pas si pressé qu'ça" n'en déplaise à Madame Malone. "Juste j'suis dans le bon sens quoi ? Si c'est ça va, j'arriverais quand j'arriverais. " Samuel haussa les épaules et adressa un sourire cool au mécanicien.

"Nan j'suis passager. J'vois pas bien à quoi j'pourrais vous servir dans c'train. J'y connais rien en méca. J'étais barman. Bon là forcément..." Il avait beau promener son regard deci delà, il n'y avait rien qui lui semblait potentiellement intéressant pour un train "Y a combien de mécanos à bord pour faire marcher un engin pareil ?"

La réponse n'eut jamais le temps d'arriver.

Plusieurs coups de feu se firent entendre. Certaines balles claquèrent contre le métal des vieilles motrices. Mais certaines ne manquèrent pas leur cible.

Le chef Mécano reçut une balle qui lui érafla le bras. Coni eut le bon réflexe de se jeter au sol. Quant à Samuel Black, il regrettait sans doute déjà d'avoir voulu se dégourdir les guiboles.

HRP:

Le réflexe, ça a du bon parfois.

« Au train ! Au train ! », dis-je en bousculant l'invité. Je vois que le chef a été touché, mais il se met déjà à se replier en courant. J'imagine que ce n'est rien de grave !

Cela n'est jamais arrivé ici, mais en même temps, je n'ai pas vu un seul des Nomades ou locaux qui d'habitude viennent à l'arrivée du train. Cela aurait dû nous mettre la puce à l'oreille...

Il est temps de décarrer !

Le train…
Je sais qu’autrefois c’était un mode de transport très apprécié. Mais ils devaient être un peu plus luxueux que celui que nous avons pris pour nous rendre à West Epsilon. Enfin, ce sera toujours mieux que de devoir prendre les routes, avec tous les obstacles que cela entraîne et l’inconfort…..

En attendant, il me semble que ça fait désormais un long moment que nous sommes à l’arrêt. Je me penche pour regarder sous le store, observant le décor d’un endroit complètement à l’abandon comme beaucoup de ces autres gares que nous avons traversées.
Je ne vois de panneau nulle part. Est-ce que c’est Winnemucca ? Je me lève pour aller aux renseignements, ou trouver Mille. Mais quand je l’aperçois, celle-ci file dans l’autre sens comme si elle avait vu un fantôme. Je fronce les sourcils, perplexe face à cette attitude qui ne lui ressemble pas du tout, surtout en devinant l’agitation particulière de son coeur. Puis j’aperçois notre dernière recrue que nous avons dû aller chercher à l’autre bout du pays. Mais vu sa capacité, il en valait largement la peine.

- Qu’est-ce qui lui prend ?
- Je crois qu’elle a reconnu quelqu’un.
- Ici ? Au milieu de nulle part ? Dans ce cas, elle sait ce qui lui reste à faire.
Elle ne s’appelle pas Mille-Visage pour rien. Et c’est aussi pour ça qu’elle m’accompagne. Sa mutation nous sera très utile de même que celle de Terrence.

- Je crois que nous sommes arrivés. J’ajuste mon manteau sur mes épaules, et son col de fourrure noir, comme le reste des vêtements que je porte.

- Winnemucca….. c’est notre terminus si je ne m’abuse ?
- Je suppose….. bien que personne n’ait songé à nous prévenir.
- Je vais prévenir Mille et Nils.

Mais au moment où il s’apprête à faire demi-tour et moi à me diriger vers la sortie de la voiture, nous entendons des coups de feu. Le reflexe est instantané, je m’aplatis, avant de glisser un coup d’œil par la fenêtre du Wagon. Qu’est-ce que je disais déjà ? Que circuler en train était plus sûr ?

Samuel se baladait, insouciant puisqu'il suivait "l'expert". C'était une occasion en or de taper la causette et d'en apprendre plus sur ce train, qui depuis qu'il avait quitté Salt Lake City. Ah ouiche !
Les coups de feu éclatèrent, la bousculade du mécanicien lui évita de se prendre le gros d'une salve de plombs, mais le reste perça le cuir et le se logea dans son flanc. La douleur le fit grogner, mais le galvanisa également. Samuel courut vers le train, courbé et en faisant des mouvements pour éviter d'être une cible trop facile. Galvanisé par l'idée de ne pas laisser sa peau dans ce trou, Samuel piqua un sprint mémorable !

La reconnaissance ne voulait pas lâcher. Il leur fallait choper un mec, pour que Zaeyana puisse lui parler, à moins que ce ne soit Marteau de Guerre qui veuille le faire.
Enfin, on s'en chatouille la canine.

Ce qu'il faut, c'est ramener quelque chose, ne serait-ce qu'un morceau de jambe.

Alors, quand une des trois cibles se barre, ils ne perdent pas de temps à essayer de lui courir derrière, et ils perdent encore moins de munitions. A cette distance, au milieu des machines, c'était de la pure perte. Ils se font des signes et les deux premiers visent le premier, le gros qui a le malheur d'être le plus prêt de leur position et du Orkk Scout..
Le troisième tire sur le gars avec le bonnet. Il est hors de question que celui-là aide le premier.

Et il faut faire vite : ils voient déjà des gars bondir des boîtes en métal qui brillent et ils ont l'air furieusement armé.

Bien, le passager a tout de suite capté. Un de moins dans la zone !

Je vois que le Bossman essaie de zigzaguer, mais deux bastos le jettent au sol, à plus de cinquante mètres de moi. C'est loin, mais pas assez pour que je ne vois pas la gerbe de sang qui a repeint une des motrices abandonnée.

Merde !

Je jette un coup d’œil derrière. Les Raiders sont en train de sortir, mais trop loin. C'est donc sur moi que repose la survie du chef mécano. Je me redresse pour évaluer mes chance et un coup claque. La première m'avait effleuré, mais là, elle me percute le bras, avec une telle force que je tourne légèrement sur moi-même. Je me planque de nouveau.
Je regarde vite fait et je vois le sang qui teinte ma parka. C'est ridicule comme la première pensée qui me vient est que désormais, elle va avoir un trou et qu'elle ne me protégera plus aussi bien contre le froid et la pluie.

Puis je réalise que je suis mal. Je ne me sens pas en forme, et pour tout dire, incapable de courir, que ce soit pour récupérer le Bossman ou pour me replier vers le train. Je suis coincé ici, à devoir attendre les Raiders. Je me sens impuissant...

« Bossman ! Les Raiders sortent ! Tenez bon ! Restez coucher surtout ! »

Je ne sais même pas s'il m'entend.

On attaque le train, j’ai entendu plusieurs coups de feu, je risque un regard, mais ne vois rien depuis ma position. J’entends des cris, quelqu’un hurle de retourner au train. Et bien heureusement que je n’en suis pas sorti ! Si j’avais pu les voir, nos assaillants, j’aurai peut-être pu faire quelque chose.

Donc tant que je ne vois personne d’armé et d’inconnu franchir le pas de la voiture, je vais rester ici. Bientôt Mille que je reconnais grâce à son foulard, nous rejoint, avec Terrence et le jeune Nils dont le cœur est complètement affolé.

- Ça va aller petit, les responsables de ce train vont s’occuper de ces individus.

Rien n’est moins sûr, mais bon de toute évidence, nous sommes plus en sécurité ici que dehors.

Les Raiders savent qu'ils n'ont pas le temps de sortir le matos. De toute façon, l'escarmouche est proche, alors ils se contentent de prendre les ALI. Cela devrait suffire.

Ils progressent par petits bonds prudents, mais vifs, vers la zone des combats, gardant en contact visuel le type au bonnet, un mécano. Ils ont perdu de vue le second.

Tout à coup, le gars adossé à une motrice crie que les assaillants s'emparent du Bossman. Alors ils accélèrent l'allure, mais quand ils sont à portée de celui qui les a alertés, ils entendent le bruit caractéristique d'un moteur de buggy. Puissant et sans doute modifié en plus. Le temps qu'ils se précipitent en appui mutuel de l'autre côté des rames de motrices abandonnées, ils ne peuvent que voir le nuage de poussière que le véhicule des assaillants a fait.

Le Bossman a été enlevé.

Je rage. Je sais que les Raiders ont fait tout ce qu'ils ont cru bon. Après tout, les soldats, c'est eux. Mais ils ont été trop lents. Je leur en veux, car j'ai vu deux des assaillants, dont un avec la peau entièrement peinte en vert, et l'autre partiellement, avec des crêtes oranges sur la tête improbables, prendre le Bossman chacun sous un bras. Ils ont été prudents : ils n'ont pas tiré un autre coup de feu, même si le troisième qui les couvrait a pointé son arme vers moi et a fait mine de tirer deux fois.

Je comprends qu'ils n'ont pas voulu faire de bruit, pas voulu que les Raiders puissent mieux comprendre la situation. La confusion les servait. Mais pourquoi ? Pourquoi prendre le Bossman ?

Les Raiders reviennent dépités, et deux m'aident à revenir vers le train. La première balle m'a éraflé la chair, et c'est juste saignant et douloureux. La seconde balle est dans le muscle du bras. J'ai mal à chaque mouvement, et je sais déjà que j'aurais encore plus mal quand on va la retirer.

Mais ce n'est pas la question. Sitôt arrivé au train, je me dégage de leur aide. Je titube certes mais je me dirige vers les First.

« Ils ont notre Bossman. On fait quoi ? Merde, on fait quoi ? »

La main pressée contre son flanc qui saigne, à l'abri entre deux wagons (ouai il appelle ça comme ça sans remord) Samuel assiste impuissant à l'enlèvement du mécano. Planqué là, il reconnait bien la gueule verte et jure salement. Il attend que ça se tasse avant de rejoindre le mec au bonnet. "déjà faut t'soigner mon gars, mais pour ton pote." Samuel claque la langue contre son palais. "après pour aller le chercher, ça va être coton. J'ai r'connu la gueule verte de la Horde. J'sais pas trop si c'est TOUTE la horde ou des patrouilleurs éclaireurs. Si vous y tenez, faut aller l'exfiltrer...ce serait bien d'savoir à combien de tarés on a affaire. Pourquoi ils voudraient un gars de chez vous ? "

On a l'air bien, tous les deux... Lui se tenant le bide et moi le bras. Nous sommes proches du point d'utilité 0...

Le chef des Raiders, Max s'était approché et l'avait écouté. Camille, la Diplo des First avait rejoint à la fin de sa remarque.

-"Oui, pourquoi ? Une rançon ? Ils seraient donc prêts à négocier ?"

Le passager hausse un sourcil qui ne laisse pas trop de doute quant à la réponse à cette question...

"Tant qu'on parle, ils prennent de l'avance", intervint Max. On pouvait voir derrière lui les Raiders sortir de la 23 deux Buggies et deux motos, et y placer les armes de bord. "Moi, j'suis pour les courser et récupérer le Bossman. T'as l'air de les connaître, Sam'. " (je me dis qu'ils se connaissent bien ces deux-là) "Alors voilà le plan que je propose : Camille, tu vas demander au Conducteur ce qu'il veut, en précisant que je conseille de les poursuivre et de le faire maintenant pour avoir une chance ! Pendant ce temps, Sam, j'te file un Médikit, sous condition que tu sautes dans mon Buggy. Tu me rancarderas sur cette "horde" pendant qu'on commence à rouler. Enfin, si le Conducteur nous donne l'ordre d'y aller. T'en dis quoi ?"

Tandis que le passager réfléchit, Camille tourne les talons et file vers la tête de la First. Je sais qu'il y a là un combiné téléphonique pour parler avec le conducteur.

C'est alors qu'une idée me traverse l'esprit.

"Ils savaient... On n'a pas fait attention, mais d'habitude, les Nomades du coin savent qu'on arrive : on nous entend de loin et ils viennent assez vite pour être les premiers à commercer. Là, y'avait personne" (ça aurait dû nous mettre la puce à l'oreille, surtout aux Raiders, mais je garde cette réflexion pour moi. Ce n'est pas le moment) "Ils savaient que le Bossman ferait le tour et ils savaient où l'attendre. La seule chose qu'ils n'ont pas prévu, c'est vous (en regardant ce "sam") et moi. C'est pour cela qu'ils ont tiré : d'abord pour le mettre au sol et ensuite pour nous faire fuir. C'est lui qu'ils voulaient. Ce qui veut dire qu'ils avaient besoin de ce qu'ils pensent qu'il sait... "

La conclusion me paraît si évidente...

"C'est au train qu'ils en veulent, et ils veulent que Bossman leur explique tous ses points faibles..."

Toute préoccupée par les inquiétantes nouvelles (et encore, elle n'avait pas entendu l'hypothèse de Coni...), Camille se presse vers la 1. Les passagers ne peuvent pas entrer dans les First, aussi quand elle parle, elle est surtout attentive à ce que dit le Conducteur.

De l'extérieur...:

Les tirs ont cessé, j’entends des voix à l’extérieur. Je me redresse lentement, surveillant les environs. Nos assaillants semblent être partis. Quand j’entends plusieurs fois parler de la horde, je me décide à descendre de la voiture, aussitôt imité par Mille.
Je les écoute un instant sans les interrompre, comprenant qu’il est question de problème avec les nomades et d’une histoire de Bossman. J’ignore de qui il peut s’agir mais qu’importe ?

- Excusez-moi, donc tout ceci était un piège soigneusement préparé ? Génial ! dis-je avec un pli ironique. Dans ce cas, vous ne nous en voudrez pas de vous fausser compagnie, n’est-ce pas ? Le voyage fut des plus agréables, merci, dis-je avec une politesse aimable.

Je ne suis même pas sûr de m’adresser à la bonne personne, et je préfère ignorer leurs blessures. Quelqu’un va assurément les prendre en charge. Une autre personne que moi ou mes amis.

Je remonte dans la voiture, Mille me rejoignant après une vague hésitation. Elle est inquiète pour l’homme blessé, mais garde le silence malgré tout. Nous sommes ici incognito, elle le sait. Donc si elle connait cet homme, il vaut mieux qu’elle reste cachée derrière l’un de ses masques.

Quant à moi, je préviens les autres.

- Il est temps de récupérer nos affaires, et de nous rendre à notre rendez-vous
- Mais il y avait des hordiers ! Ils sont peut-être toujours dans les environs.

La peur cette fois, je le sais. Mille les craint plus que tout. Je me tourne vers elle, sourire plein de confiance et d’une voix douce la rassure, d’une voix et d’un battement de cœur adapté.

- Nous ne serons plus là quand ils reviendront.

Elle insiste.

- L’homme l’a dit, les nomades le savaient, ils savaient qu’ils viendraient. Si eux savaient, les mercenaires qu’on a engagés aussi ! Je crains que nous ne trouvions personne à notre rendez-vous.
J’inspire profondément, et concède.
- Ok…. Donc ? Que dois-t-on faire d’après toi ?

Sammy hocha la tête, "ouai, bien sur, j'vous accompagne." Il avait pris de la grenaille dans le gras, certes, oui ça faisait mal, oui un médikit ne serait pas de refus. Mais ça n'était même pas pour ça qu'il se portait volontaire pour accompagner les poursuivants. C'est que Monsieur Black avait quelque peu changé depuis que son bar s'était fait savamment démonté par une pétasse en collants rayés jaune et noir. Son fond de prudence s'était érodé puisque la prudence ne servait visiblement pas à éviter les ennuis, et son côté fouteur de merde/tête brulée ressortaient. Sans doute à cause de la traversée des USA avec la Vouivre, ce mec était un aimant à emmerdes et ils en avaient essuyé quelques une. Et les Raiders étaient des gars sympa lors des soirées dans ce bar inattendu.

L'accord pour poursuivre les Hordiers tomba rapidement.

Sam s'installa donc dans le buggy tout en se soignant et en expliquant. "La horde, grosso merdo, c'est des pilleurs. Une nuée de sauterelles. Ils se peignent la gueule en vert pour faire genre. A Seattle, ils sont restés un an, le temps de pomper tout ce que pouvait fournir la ville jusqu'à la lie. Après ils ont laissé le truc en plan et ils se sont tirés. J'imagine qu'ils veuillent les ressources de votre train. Ils sont véhiculés, du buggy aux motos en passant par des engins bricolés. J'ai déjà vu des lance-flammes montés sur des side-cars. Ils sont très bien équipés, armés. Va falloir la jouer fine. Le seul avantage c'est que j'pense que c'est un groupe de reconnaissance. Faut les rattraper rapidement. " Et au cas où il ajouta "'Ah au fait, j'vous conseillerais de trouver quelque chose pour vous boucher les oreilles."

Tandis que les véhicules partaient en vrombissant, et que Coni était porté jusqu'à sa couchette pour recevoir des soins, ceux qui étaient restés au train purent entendre le "ding-dong" caractéristique de la com interne.

-"Chers passagers et membres du Train. Tandis que nos héroïques Raiders se portent au secours de notre Chef Mécanicien, le Conducteur a décidé de ne pas s'attarder. Et je dois vous dire qu'il a pris une nouvelle décision qui va mener le Train là où Il n'est jamais allé !"  (un petit silence pour marquer son effet ? Reprendre sa respiration ? En tout cas elle crie presque pour l'annonce qui suit). Le Train vas vers la côte Ouest ! Oui ! La côte Ouest.  (le ton redescend, redevient plus professionnel, donc plus posé). Les passagers du Train sont priés de se rapprocher de moi pour faire connaître leur intention à l'annonce de cette nouvelle : souhaitez-vous accompagner le Train dans une nouvelle page de sa vie, et suivre son sillon ou préférez-vous descendre ici, qui était notre terminus de toute façon, pour gagner votre destination ? Je me permettrais de livrer à vos réflexions, avant votre décision, qu'il semblerait que les assaillants auxquels nous avons eu affaire soit en fait une bande très organisée, dont l'objectif serait le train, et à défaut, sans doute toute personne dans le secteur. Je passe parmi vous rapidement, car le Train ne doit par tarder ! Et les Raiders sont priés de préparer une remontée en marche. Chers passagers et Membres du Train, le Conducteur vous salue."

Le "ding dong" n'eut pas le temps de sonner pour annoncer la fin de la communication que les murmures s'envolèrent dans les voitures. Une remontée en marche ?
C'était un truc dingue.

Encore plus que d'aller vers l'ouest.

J'affiche un léger sourire en coin, mais mon regard lui reste froid. Tout cela annonce pas mal de retard dans notre parcours avant de pouvoir parvenir à notre objectif. De fait les possibilités se restreignent de plus en plus. Mais si nos mercenaires nous ont faussé compagnie, il y aura un retour de manivelle assurément.

Et c'est exactement à cet instant, comme une prémonition divine, ce qui tout à coup  m'arrache un sourire qu'on entend la voix du haut-parleur annoncé que contrairement au trajet prévu, le train va poursuivre vers l'Ouest et donc en direction de WE.
Je dévisage Mille dont je perçois le soulagement.

Je songerai plus tard à lui demander ce que ce type vêtu d'une veste de cuir rouge, représente pour elle. En attendant, j'ai un choix à faire. Aussi quand la jeune femme aperçue tout à l'heure repasse dans notre voiture, ma réponse ne montre aucune hésitation.

- si le train poursuit vers l'Ouest, nous restons.

Mais avant qu'elle reparte.

- dans combien de temps pensez-vous pouvoir repartir?

Camille lui sort le grand sourire. Celui pour les passagers.

Elle agite son index, mais près de son visage.

-"Monsieur Dexter, le Conducteur sait toujours quand et comment. Nous avons remis nos vies entre ses mains, parce que nous savons qu'il sait exactement ce qu'il convient de faire. Ne vous inquiétez pas, ce Train roulera au moment exact où il le décidera. Et rassurez-vous, rien n'arrivera. Notre brave passager de la 306 étant absent, il ne me reste plus qu'à vérifier la décision de celui de la 300. Je pense que dès que j'aurais confirmé vos décisions au Conducteur, nous ne tarderons pas.

Elle était un mode sermon, mais de façon tout à fait polie et charmante.

Elle redevient plus sérieuse, fronçant les sourcils.

-"En revanche, nous ne sommes jamais allés vers l'Ouest. J'ignore totalement le temps que cela prendra. Je vais demander au Conducteur, et je vous apporterais la réponse, Monsieur Dexter.